samedi 12 janvier 2013

Investissements dans les PME

Record des dépôts sur les comptes d'épargne: En novembre, 232 milliards € se trouvaient sur les comptes d'épargne belges, un record absolu, selon les statistiques publiées mardi par la Banque nationale de Belgique.
Lors de la défense de l'action gouvernementale en fin d'année,  Elio Di Rupo demandait instamment et inlassablement "aux créateurs et investisseurs étrangers" de venir en Belgique ?
Surréaliste (mais rien d'étonnant, quand on le connait) ! Pourquoi ?

Pourtant dans le même gouvernement, Steven Vanackere invitait les Belges à prendre davantage de risques dans leurs placements.
Steven Vanackere estime que l'argent des Belges doit se déplacer depuis les comptes d'épargne vers des placements en actions, pour ainsi favoriser le financement des entreprises.
Pour une raison inconnue, le "débat" n'aura retenu surtout que la partie "boursière" visible, alors que l'approche économique immergée pour les entreprises non cotées en bourse me semble bien plus essentiel ...

Etienne Cooreman :
"Ce n'est pas à l'Etat d'aider les PME"
Il se félicite que Steven Vanackere pense à Cooreman-Declercq. Le ministre des Finances s’est donc dit favorable à une relance de ces mesures adoptées en 1982 suite aux propositions d’Etienne Cooreman.


Bruno Colmant
:
L'idée d'une nouvelle disposition "Cooreman-de Clercq" est esquissée par le Ministre des Finances.
Cette piste est un élément majeur dans l'actualité fiscale du Royaume : après avoir augmenté le précompte mobilier, la taxe sur les opérations de bourse et la taxation des plus-values au sein des entreprises, il faut un choc psychologique pour créer un véritable élan national des particuliers vers le capital à risque qui est le garant des emplois de demain.
Mais il faut se départir absolument d'une idée : une disposition Cooreman De Clercq n'a pas du tout pour fonction de revitaliser la bourse, mais d'aider les PME, pour lesquelles l'accès au crédit est difficile et dont l'avantage en termes d'intérêts notionnels est insuffisant. J' imagine "un système de Sicav organisées par des banques ou des compagnies d’assurances qui investiraient dans des PME, l’argent apporté par des particuliers. De cette manière, le particulier détiendrait une part de Sicav dans des sociétés d’innovation, il pourrait déduire son investissement et bénéficier également d’un panel diversifié d’entreprises dans lesquelles il investit". 


Dans la lignée de l'article de Patrick Van Campenhout, "Les PME veulent de l’aide", notre ami @Chaos_be se penche sur la question:

@Chaos_be:

Dans un contexte de crise, la proposition du ministre des Finances n’est pas mal venue. En effet, « doper » la bourse peut être un signe positif dans le contexte de morosité actuelle.
En économie, bien loin de la science exacte, on sait combien la psychologie joue un rôle important. Voir une place boursière se relancer peut être perçu comme un signe positif et avoir un effet d’entrainement sur la confiance, la « désépargne » et la consommation. L’idée n’est donc pas idiote mais il serait par contre fort malaisé d’en calculer le retour dans l’économie réelle. Pour ma part, si je pense qu’il peut y avoir un effet, je le vois limité et de court terme. De plus, il ne faut pas rêver, la Bourse de Bruxelles ne représente aujourd’hui pas grand-chose dans le monde financier et ne risque pas de l’influencer outre-mesure.

Je note en sus que les parlementaires socialistes n’ont pas tort : le petit épargnant (on n’épargne pas en bourse, il n’existe pas de placement de « bon père de famille », c’est un mythe) investisseur a déjà largement souffert des pertes boursières. La grande majorité des gens n’est pas formée à investir en bourse et ce n’est d’ailleurs pas souhaitable. Cela arriverait-il que nous arriverions dans une situation de bulle spéculative où l’on n’investit pas en bourse mais où l’on se sert de la bourse comme d’un casino en pariant sur des valeurs sans réellement y connaitre grand-chose. C’est déjà le cas en Chine d’ailleurs. Le circuit court n’est pas destiné aux particuliers non-formés.

Investir dans des PME ? L’idée est louable mais si l’on écoute les PME, si l’Etat veut faire quelque chose pour elle, il faut réduire le coût du travail en Belgique.  C’est autant de marges que l’on dégage pour réinvestir dans l’économie réelle. Les PME ne sont pas des sociétés du BEL 20 qui chérissent leurs actionnaires et leurs dirigeants, ce sont avant tout des entreprises soucieuses de survivre et se développer. Des entreprises prêtes à investir et à créer de l’emploi si on leur en laisse les moyens. Notez le choix des mots : si on leur LAISSE les moyens. Les PME ne demandent pas de cadeaux, elle ne demande pas qu’on leur DONNE des moyens mais de simplement commencer par ne pas leur enlever les moyens dont elles disposent. C’est une première voie.

La deuxième voie pourrait être celle du financement. L’article nous parle de la bourse. Je crains que la bourse en tant que telle n’est pas destinée aux PME. La somme d’obligation et les attentes des marchés en terme de rendement pénalisent une vue long terme et stratégique pour une entreprise en développement. Il existe néanmoins bien des moyens de se financer sur le marché autre que la bourse et les banques. Ici, si on veut inciter les citoyens à investir via un circuit long, pourquoi pas ? Ici, le citoyen peu être proche de la structure qu’il financera, il peut comprendre les produits et la stratégie de la PME, il peut diversifier son risque etc. On peut imaginer des fonds gérés par des « business angels », des banques accréditées avec un contrôle indépendant, etc qui auraient pour vocation d’investir dans des PME. Avec des exigences de rendement, certes, mais moindres et encadrées, visant l’investissement à long terme plutôt que le résultat trimestriel etc. Ceci collerait d’ailleurs avec l’aspiration du gouvernement de taxer les plus value sur actions à 50% si elles sont détenues pendant moins d’un an. [j’en pense qu’il s’agit d’une aberration sans nom et contraire à la gestion en bon père de famille défendue par le gouvernement. Qui de plus devrait alors se voir compensée par le droit de déduire fiscalement ses moins values etc]
Au niveau des véhicules de financements (livret B, fonds, autre ) , ce doit rester dans les mains du privé avec une réglementation adaptée  et sous contrôle de la FSMA. 
Je note quand même une chose que j'avais lue chez Albert Frère. Il avait annoncé il y a quelques années que le dernier des problèmes est l'argent. Si vous avez un bon projet, il y a de l'argent en Belgique. Il avait, à ce moment là fait un appel à projet. Quelques semaines plus tard, il revenait dépité. Il avait bien reçu du courrier, mais aucune demande de financement pour des projets mais des demandes d'aides et de financements pour des ASBL en tout genre. L'anecdote est-elle vraie ou fausse, je ne sais pas mais je suis sur d'une chose: il y a du capital et du capital risque en Belgique. Ce qui manque souvent, ce sont des projets qui tiennent la route. Les PME ne pensent pas assez souvent à se tourner vers d'autres structures que l'Etat ou les banques. ...et elles ont tort.


Lire donc (et) aussi :"Les PME veulent de l’aide"
Deux piliers du PS réagissent à la suggestion surprenante du ministre des Finances.
Réplique Surpris, les sénateurs PS Marie Arena et Ahmed Laaouej Surpris de l’attitude du ministre des Finances Steven Vanackere qui propose de réorienter l’épargne des Belges vers la Bourse à coups d’incitants fiscaux ! Leur étonnement est lié à cette prise de position qui tranche d’une part sur l’esprit du contenu d’un accord budgétaire fraîchement signé et qui induit une dépense imprévue dans ce même budget. Par ailleurs, pour revenir à quelques points forts de cet accord budgétaire, les deux parlementaires sont encore étonnés de voir le ministre des Finances tenter d’avancer sur un front alors que des chantiers importants censés progresser cette année n’ont même pas encore été ouverts. Bref, de leur point de vue, Steven Vanackere est présent là où on ne l’attend pas et est absent là où il est attendu
Les PME ne sont pas cotées !
"Nous sommes d’accord sur certains principes comme le soutien à l’économie ou l’aide à l’accès au crédit pour les PME qui pose problème actuellement , nous explique Marie Arena. On se rend compte aujourd’hui que les banques qui disposent de capitaux à faible coût et qui ont été aidées durant la crise par les deniers publics, ne fournissent pas correctement ce crédit aux PME. L’accord de gouvernement prévoyait une série de dispositions dans le sens de l’aide aux PME mais dans la pratique, les banques réagissent de manière frileuse face à ce qui est mis sur la table. Et cela, tant face aux produits proposés comme le Livret B qu’en matière de crédit aux PME, en se prévalant à cet égard des nouvelles dispositions imposées par les accords de Bâle III. On attend ici des propositions de la part du ministre des Finances, et qu’il se mette au travail. Celui-ci ne répond pas aux attentes des PME, pas plus qu’en proposant aux particuliers de placer leur épargne en Bourse alors qu’ils ont clairement opté pour un placement sans risque, le compte d’épargne. Son attitude est incompréhensible."
Une assistance fiscale au capital à risque ne s’impose-t-elle toutefois pas dans un contexte de crise ? "Oui, mais les PME que l’on veut aider ne sont pas cotées en Bourse. Et une telle mesure reviendrait de plus à faire supporter le coût de la relance par l’Etat qui a déjà soutenu le secteur financier, et à faire prendre le poids du risque par les particuliers qui ont déjà chèrement payé leur tribut à la crise déclenchée par le monde financier Or, dans la négociation budgétaire, on a insisté pour que toute mesure soit prise dans un cadre budgétaire neutre." Bref, on est ici d’accord sur les objectifs mais pas sur les moyens. Quid de ce fameux Livret B qui apparemment ne trouve pas d’écho dans le monde bancaire belge ? "On ne demande pas ici aux banques d’accepter de proposer du crédit à n’importe qui et n’importe comment , reprend Marie Arena, mais bien de fournir un véhicule transparent aux yeux des épargnants dans le but de fournir du crédit aux PME sur base de dossiers solides." On se souviendra que le projet de Livret B tend à fournir du capital aux PME tout en donnant aux souscripteurs un rendement de quelques pour cent pour un montant investi de 25 000 euros maximum.

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